Anne Raffin s'est installée en Bretagne il y a une trentaine d'années. Originaire de Savoie où elle y fut élevée par des parents écologistes de la première heure, c'est une grand mère passionnée par les plantes, leurs vertus et leur parfum qui l'éveillera à la poésie.
Les vacances en Bretagne de la jeune fille lui laissent un attachement profond et c'est tout naturellement qu'au décès de sa maman, Anne achètera une petite maison près de Brennilis (Finistère).
Une petite maison frissonnante de légendes qui l'attendait tout au bord de l'Histoire.
Brennilis est l'une des quatre communes qui bordent la dépression du Yeun Elez aux pieds des Monts d'Arrée (coeur finistère). Bien qu'il soit avéré que l'endroit était totalement boisé dans des temps très anciens, il apparaît de nos jours comme une lande humide aux allures de Connemara irlandais. 
Un paysage unique en Bretagne qui abrite encore maintes légendes, comme celle des Portes de l'Enfer où rôde l'Ankou, le passeur d'âmes, autour du Youdig, marécages sans fond, impénétrables sans un guide. Des légendes chuchotées de générations en générations, jusqu'à nos jours.
La forêt qui borde le lac St.Michel abrite des réunions et rituels druidiques depuis l'antiquité.
Bien avant que la chrétienté s'accapare ces lieux sacrés immémoriaux qui allumèrent les feux dont on aperçoit encore les fumées...
Bien avant que les tourbières du moyen âge, où cohabitaient déjà paysans, éleveurs, brigands et sorcières, furent noyées sur 450 hectares en 1936. On y retiendra les eaux de l'Ellez, pour créer une première usine hydro-électrique. Une réalisation qui allait déclencher une lutte sociale violente entre les partisans de la modernité et les dépositaires de la tradition.
La petite maison que racheta Anne était inscrite au cadastre en 1860. Située aujourd'hui à 100 mètres à peine de la berge, elle aura vu monter dangereusement les eaux jusqu'à ses pieds. Elle a connu les tourbières et ses habitants.
Quand Anne s'installe en Bretagne, elle est toute nourrie de beauté naturelle et d'authenticité. Depuis sa plus tendre enfance elle a toujours fréquenté les foires bio et les marchés d'artisans locaux. Elle y rencontre parfois des professionnels qui partagent les mêmes exigences qu'elle quant au respect de l'environnement, des matières premières et des techniques de transformation.
Chacun dans sa partie répond à un cahier des charges strict, rigoureux... Cela lui convient. Elle adhèrera au projet de société de Nature & Progrès en tant que professionnelle et en deviendra co-trésorière et déléguée Basse Bretagne.
A la fois passionnée de littérature, d'histoire et de poésie, bénéficiant du "nez" que sa grand mère lui avait ouvert, elle étudie et s'entoure de plantes accompagnatrices, y décode tous les symboles, tous les parfums. Des messages pour les sens. L'olfactif sera son domaine, il l'a toujours été.
Les premières fumigations remontent à 36.000 ans avant JC ? Elle perpétuera la tradition. Adepte du Kho Do, un art issu de la culture japonaise pratiqué afin de purifier l'esprit et le corps : elle fabriquera des encens !
des encens BIO... naturellement.
Les débuts sont laborieux, appliqués, expérimentaux. Les matières premières doivent toutes provenir de France, hormis les épices, évidemment. 
Ses étranges manipulations, toutes imprégnées de symbolisme et d'intentions lui auraient sans doute valu le bûcher au Moyen Age pendant la Guerre des Sorcières.
Mais Anne trouve rapidement sa clientèle. Son ami Raymond Gaschet, créateur de bijoux, devra cesser son activité pour lui prêter main-forte.
Des mains fortes et agiles puisqu'on leur doit quelques accessoires pratiques qui accompagnent, aujourd'hui, après 16 ans d'activité, une gamme de 37 encens distribués bien au-delà des frontières.
Depuis 2020, Anne Raffin a créé sa boutique dans les hauts bois...de Huelgoat : Ze Witches. Lieu de rencontres où elle réunit âmes et travaux d'autres enchanteurs, dans une même faim des sens.
une sorcière bien aimée
On ne sort jamais tout à fait indemne d'une visite dans la petite maison d'Anne Raffin.
D'abord on se gare dans un endroit charmant et pourtant étonnement désert. Après avoir suivi, de chaos en chaos, le cours fragile de l'Ellez à travers la forêt, on longe le lac paisible sous le regard inquiet des brochets.
On aperçoit alors le donjon....
Une Centrale aux Portes de l'enfer par Jean-Luc Cochennec - Ouest France
Car Anne mène un autre combat. A quelques centaines de mètres de sa petite maison, un dragon a fait son nid en 1960. 
Un dragon enjôleur, en lutte éternelle avec sa proche voisine : la montagne Saint-Michel de Braspart.
Alors Anne parle du nemeton du Yeun, sanctuaire celtique du coeur de Bretagne qui serait quelque part, par ici...
Elle parle aussi de la chapelle des bergers construite en 1676 tout en haut du Mont St.Michel de Braspart. Bâtie sur les traces de l'ancien temple solaire laissé par les locataires précédents.
Elle parle de la respiration du monde. Elle se veut "passeuse". Elle se dit "gardienne".
Elle parle et, perdu entre le rêve et le combat, on ne sait plus qui d'elle ou de sa petite maison est habitée !
A moins qu’elles ne fassent qu’une depuis qu’elles ce sont retrouvées ?
A.R. : Je suis une haie d'aubépine avec des oiseaux dedans
...et un couple de hérissons. mY