De sang arménien, Ara Ozinian n'est ni sorti de la cuisse de Jupiter, ni tombé dans la marmite dans sa jeunesse. Sa jeunesse il la conjugue en travaillant pour vivre. Qu'importe la matière pourvu qu'il la touche de ses mains. La pierre, le bois, le verre, le tissus,... l'argile. Il s'adapte en fonction de l'environnement, avec la même application, les bons maîtres, les bons outils, la bonne matière. Ara c'est l'artisan 1.0 : méthode et précision, sans oublier une pincée d'amour pour faire joli.
Une recette ancestrale qu'il enseigne tout près de Brocéliande. Magique !
les enchanteurs : est-ce que la proximité d'un lieu légendaire a motivé votre installation au village de l'Hôpital (Néant/yvel) ?
Ara Ozinian : A vrai dire non. Avec Marité ma compagne, nous avions essayé plusieurs régions de France (Jura, Pyrénées). La qualité de vie primait avant tout. L'endroit nous a plu, une vieille ruine dans nos moyens, nous attendait là pour retrouver une seconde vie. Cela fait 20 ans !
l.e. : aviez-vous déjà le projet de créer un atelier de potier ?
A.O : non c'est le lieu qui m'a fait choisir cette activité. j'aurais pu faire autre chose; je venais de la confection. La place, l'environnement, la nature... Dix ans de travaux de restauration et d'aménagement ont été nécessaires avant d'ouvrir l'atelier. Dans le même temps je suivais une formation complète chez Matthieu Lievois à Séné. Il m'a tout appris. Après il a fallu acheter tout le matériel, je voulais les meilleures conditions pour commencer.
l.e. : vous avez trouvez rapidement votre clientèle ?
A.O : Oui, grâce aux marchés locaux et aux salons du bien-être. Les motivations écologiques et le retour à une certaine qualité de vie voient croître régulièrement l'intérêt du public pour l'artisanat. Quoiqu'on mange, c'est toujours meilleur quand c'est présenté dans un beau service de table.
l.e. : quelle est la proportion des demandes entre les objets usuels et la décoration ?
A.O : ... c'est du 50/50. Mes objets sont faits pour travailler, après si ça peut faire du bien juste à regarder on peut les poser sur la cheminée. La promiscuité avec la forêt de Brocéliande et ses contes et légendes, m'a fait produire des nichées de dragons et d'icônes du monde Merveilleux. Nous sommes à l'épicentre des contes arthuriens. J'ai cuit des épées d'Arthur dans leur rocher des nuits entières !
Les solides de Platon. Céramiques pour les amoureux de la géométrie euclidienne et les rôlistes. Les cinq polyèdres réguliers possibles ou les cinq dés du destin (4, 6, 8, 12 ou 20 faces)
cache-pot (h. 45cm)
l.e. : quelle est la part du plaisir dans votre production ?
A.O : ... Découvrir une pièce à la sortie du four est toujours un moment exceptionnel. Des quatre éléments (terre, eau, air, feu) avec lesquels il faut jouer, le feu a toujours le dernier mot et ce n'est pas le moins intéressant. De créateurs il nous rend spectateurs.
J'aime beaucoup partager ce moment magique avec des novices ou des débutants. J'organise des stages pouvant aller d'une heure à une semaine. L'aura puissante de la forêt et l'exercice d'un métier vieux comme le monde ramènent à l'essentiel qui que l'on soit et à n'importe quel âge.